Qu’est-ce que l’eczema atopique ?

Eczema atopique ou dermatite atopique ?

Que l’on parle d’eczema atopique ou de dermatite atopique (DA) c’est la même chose.

Il s’agit d’une maladie chronique inflammatoire de la peau, non contagieuse.

Elle peut se développer dès l’enfance mais peut persister à l’âge adulte, voire apparaître à l’âge adulte*.

Elle est caractérisée par une peau sèche, réactive, allergique, associée à des lésions et de petites vésicules. Etant chronique, il existe des périodes de poussées / crises et des périodes d’accalmie.

La DA est associée au “terrain atopique”, c’est-à-dire une prédisposition à développer des rhinites, de l’asthme, et des allergies.

Selon l’intensité de la crise, on peut voir apparaître des rougeurs, de fortes démangeaisons, des suintements, des crevasses et des croûtes. 

L’eczéma atopique est diagnostiqué par un médecin (généraliste, dermatologue, pédiatre), bien que les critères de diagnostic soient parfois flous.

*Source : Harrison H Lee, Kevin R Patel, Vivek Singam, Supriya Rastogi, Jonathan I Silverberg, « A systematic review and meta-analysis of the prevalence and phenotype of adult-onset atopic dermatitis« , on PubMed, 2018

Est-ce vraiment de l’eczema atopique ?

Le terme eczema regroupe en réalité plusieurs types d’affections de la peau.

On parle d’eczéma “de contact” quand la réaction est locale et précise. C’est un eczéma allergique, et non inflammatoire.

L’eczéma atopique lui, est inflammatoire, mais non allergique. 

Il est possible cependant d’avoir un eczéma atopique et allergique !

Moins officiel, on observe parfois des plaques sortir en réponse au stress et aux émotions. C’est un « eczema nerveux », dont la cause est directement liée à la sphère psycho-émotionnelle.

Enfin, on parle d’eczéma (de contact) irritatif : dans ce cas ce n’est ni allergique ni inflammatoire mais en réaction à un élément irritant. Cela peut être : frottement, abrasion, chaud, froid, produit chimique, plante irritante, etc.

Causes de l’eczema atopique

Lorsqu’on est atteint de dermatite atopique (DA), la cause est génétique.

Souvent, il existe un terrain familial atopique, et il y a une prédisposition héréditaire à l’allergie. En effet, entre 50 et 70% des individus atteints ont un parent au premier degré qui l’est aussi*.

La différence génétique dans la DA est une altération de la barrière de la peau. Alors endommagée telle une passoire, elle laisse passer des éléments allergènes qui sont dans l’environnement. Le corps se met à réagir. 

Fonctionnant de manière chronique, on peut donc faire en sorte d’espacer les poussées, de diminuer leur intensité et leur durée, d’améliorer leur gestion et de diminuer la présence des plaques au maximum. 

Quelques facteurs susceptibles de déclencher une crise : 

  • l’air ambiant (chaud/froid, parfums, poussière, pollution, etc)
  • le biotope cutané (sueur, staphylocoque doré)
  • le microbiote intestinal (alimentation)
  • le stress, la sphère psychologique et émotionnelle 

La DA est une pathologie complexe, où l’on observe de nombreux cercles vicieux. On peut donner l’exemple avec le sommeil ou le stress : si on est stressé, cela peut participer à une crise d’eczéma, ce qui va entraîner encore plus de stress, etc.

*Source : « Dermatite atopique (eczéma atopique); Une maladie inflammatoire de la peau fréquente« , on Inserm, 2016

Symptômes d’un eczema

Les symptômes varient selon le stade de la poussée et de son intensité. 

Hors crise, on observe en général : 

  • peau sèche à très sèche (appelée « xérose » dans le langage médical)
  • plus ou moins de démangeaisons (appelé « prurit » dans le langage médical)

 Lors d’une poussée, peuvent survenir :

  • démangeaisons (prurit)
  • rougeurs (par plaques)
  • on peut apercevoir de minuscules vésicules
  • lésions cutanées et traces de grattages (appelées « excoriations »)
  • peau rugueuse, épaississie (appelée « lichénification »)
  • plus ou moins de suintements
  • douleurs cutanées, inconforts et tiraillement de la peau 

Il existe en réalité bien d’autres symptômes, bien qu’ils soient indirects. L’ensemble de ces symptômes impactent de façon importante l’état psychologique, de par les difficultés face au sommeil, la vie sociale, affective ou professionnelle par exemple. Cela peut devenir lourd au quotidien et difficile à gérer émotionnellement, générant du stress et donc le fameux cercle vicieux.

*Source : « Retentissement de la dermatite atopique chez l’adulte« , on ScienceDirect, Volume 144, Supplément 5, Pages VS23 – VS28, Decembre 2017 

Quelles solutions pour soigner l’eczema atopique ?

Traitements traditionnels actuels

A l’heure actuelle, il existe plusieurs traitements dans la médecine traditionnelle occidentale. 

En premier lieu et dans la plupart du temps, des crèmes à base de cortisone, appelées dermocorticoïdes, sont prescrites en application locale sur les plaques. Il en existe plusieurs types, classées selon la puissance de leur activité.  

En parallèle, quelques conseils peuvent être donnés par le médecin. Il va conseiller sur le maintien des règles d’hygiène, faire attention aux produits utilisés, l’éviction des allergènes et le soin de la peau à travers l’utilisation d’émollients.¹  

Lorsque cette solution est insuffisante, d’autres traitements peuvent être mis en place², tels que (attention langage médical !) : 

  • des immunomodulateurs / immunosuppresseurs, inhibiteurs de calcineurine : ciclosporine (voie orale) et tacrolimus (voie cutanée) principalement (bien qu’il en existe d’autres, tel que méthotrexate, un inhibiteur de la voie des folates)
  • la biothérapie, inhibiteurs d’interleukines : dupilumab (injection sous-cutanée)
  • photothérapie : photothérapie par UVB ou PUVAthérapie (par UVA)

Très récemment, de nouveaux traitements sont apparus sur le marché : ce sont les inhibiteurs de Janus Kinases (voie orale)³. 

D’autres prescriptions peuvent être données en supplément d’un de ces traitements, comme : 

  • des antihistaminiques permettant de lutter contre les démangeaisons
  • une cure thermale de 3 semaines/an, prise en charge par la Sécurité Sociale
  • des antifongiques/antibiotiques si présence de surinfection fongique/bactérienne

¹Source  : « Comment soulage-t-on la dermatite atopique ?« , on Vidal, Novembre 2022

²Source : « Les médicaments contre la dermatite atopique« , on Vidal, Novembre 2022

³Source : « JAK inhibitors for Atopic Dermatisis« , on WebMD, Février 2022

Traitements alternatifs

Il existe une multitude de solutions alternatives pour soigner son eczéma, je ne vais pas pouvoir toutes les répertorier ici !

Des solutions existent en préventif et en curatif, et elles peuvent être directes (sur la peau) ou indirectes.

En soignant le symptôme directement : sur la peau (masque, crèmes, cataplasmes, sous forme d’actif, ou toute autre forme comme les UV).

En agissant indirectement, en modifiant :

  • l’environnement (taux d’humidité, température, etc)

  • l’hygiène de vie (sommeil, activité physique, etc)

  • le terrain digestif et nutritionnel (microbiote, porosité intestinale, compléments alimentaires, etc)
  • la sphère psychologique et émotionnelle

Une ribambelle de professionnels peuvent apporter leur aide. Pour ne citer qu’eux : psychologue, sophrologue, naturopathe, médecine chinoise, hypnose, acupuncture, magnétiseur, homéopathe, et bien d’autres !

Prévenir les poussées : mes conseils

Hygiène de vie

En période de rémission, on peut agir de façon à éviter qu’une nouvelle poussée ne survienne, et garder sa petite vie tranquille ! 

Chacun à son échelle, en fonction de ses propres habitudes, peut mettre en place quelques règles de vie qui peuvent être vues comme un “médicament”. Elles permettent de soigner la crise avant même qu’elle n’arrive (enfin pour ne pas qu’elle survienne surtout !). 

Quelques idées : 

  • le sommeil : dormir suffisamment, avoir un sommeil réparateur, de qualité
  • le mouvement : maintenir une activité physique chaque jour (avoir un objectif de pas, de km ou de temps en mouvement), et compléter avec une ou plusieurs activités plus intenses une à plusieurs fois par semaine
  • sphère bien-être & émotions : trouver son équilibre, prendre du temps pour soi, faire des exercices relaxants et adaptés à soi si besoin, trouver sa méthode pour gérer ses émotions (sophro, écriture, art, etc.)
  • l’alimentation : on en parle plus en détail juste après 😉

Reste à chacun de voir ce qu’il peut maintenir sur le moyen / long terme sans que cela ne soit une contrainte. Il est important de prendre en compte tous les facteurs de la vie, comme les facteurs économiques ou sociaux par exemple. Il n’y a rien de grave à “entraver une règle”, on cherche simplement à tendre vers un équilibre qui nous convient, sans culpabiliser si certains jours c’est moins évident. 

Le top du top, c’est d’en faire plutôt un plaisir, un cadeau que l’on se fait en prenant soin de soi !

Focus alimentation

Diététicienne, il me semble important de faire un point plus détaillé sur l’alimentation, qui a un grand rôle à jouer ! 

La dermatite atopique étant une maladie inflammatoire, on peut donc opter pour une alimentation anti-inflammatoire.  

Elle consiste à éviter de consommer trop de sucre, d’alcool, de viande rouge et charcuteries grasses, de limiter les produits ultra-transformés. Dans une certaine mesure, il est préconisé de faire attention au gluten et aux produits laitiers. 

Il est plutôt recommandé de privilégier :

  • des aliments de qualité (tendre vers des produits bruts, du fait maison, et top si c’est bio)
  • de bonnes graisses (cibler les omega 3 !)
  • des fruits et légumes (pour l’hydratation, vitamines et minéraux, et pour les fibres qui participent à un bon microbiote intestinal)
  • des protéines de qualité (pour une bonne cicatrisation)
  • et surtout une hydratation au top ! En principe on recommande de boire 1,5L par jour, mais dans ce cas on peut facilement tendre vers 2L, voire plus.

Reste encore à trouver VOTRE équilibre, avec des habitudes alimentaires qui collent avec votre quotidien. (Et qui ne s’effondrent pas à la moindre baisse de motivation ou tracas quotidiens !)

J’attire votre attention sur cette dimension “régime”, qui peut être très frustrante et difficile à vivre. Cela peut parfois entraîner des troubles du comportement alimentaire, très en lien avec les sentiments de culpabilité et de frustration. (Je ferai un post là-dessus.) 

En somme, déjà tendre vers une alimentation équilibrée, en ajoutant quelques “touches” d’anti-inflammatoire, sans rentrer dans un régime ultra strict impossible à tenir au long terme. 

Quoi qu’il arrive, vous faites de votre mieux. Si vous en ressentez le besoin, je vous propose des consultations qui vous permettront d’être guidé plus précisément et de recevoir des conseils personnalisés.

Crise d’eczema : mes conseils

Agir indirectement

Lors d’une poussée, pas d’affolement, des solutions existent 😉 

Quand c’est en train de sortir, le but est de limiter l’intensité et l’expansion des plaques. C’est là qu’on va tenter d’être le plus rigoureux possible sur l’hygiène de vie. On peut essayer de comprendre s’il y a un ou des facteurs déclencheurs, afin d’améliorer la situation ou de savoir ce qu’il faudra éviter pour une prochaine fois.

Prenez soin de vous, de votre sommeil, continuez de bouger votre corps, optimisez au mieux votre alimentation et surtout prenez du temps pour vous (se reposer, être créatif, se relaxer, décompresser …).

Que faire selon le stade de poussée ?

En parallèle, on applique les règles d’hygiène comme toujours et on respecte son traitement, s’ il y a prescription par le médecin.  

Il existe plusieurs stades d’une poussée d’eczéma, et chaque étape demande des besoins particuliers. 

Quand c’est en train de sortir, que c’est rouge, ça chauffe et ça gonfle (bon de l’inflammation quoi !), attention à ne pas appliquer trop de gras sur votre peau. Cela peut certes rendre la peau plus confortable (et encore, ça peut provoquer des démangeaisons assez intenses) et moins tiraillante, mais ça va surtout “mettre de l’huile sur le feu” et risque d’entretenir l’inflammation.  

Concrètement, on va chercher à limiter l’inflammation et apaiser (masques, bains, cataplasmes, actifs, etc.), ainsi qu’à hydrater la peau qui a besoin d’eau (sérums, eau florale, eau thermale, aloe vera, etc.).  

Quand le niveau d’inflammation diminue, la peau peut commencer à peler : c’est donc bon signe ! On continue la routine de peau en veillant à ne pas appliquer trop d’émollient (en quantité et en fréquence).  

Enfin, lorsque la plaque a séché et qu’elle est moins rouge, on peut modifier la routine et l’adapter à la plaque. On continue les soins quotidiens, on hydrate puis on nourrit la peau avec un corps gras pour sceller l’hydratation.

Je pourrais écrire encore 1000 lignes sur les astuces anti-démangeaisons, sur le choix des crèmes et produits à utiliser, et pleins d’autres sujets ! Je compte les aborder dans d’autres articles 😉 

Si vous souhaitez apprendre à mieux gérer votre eczéma atopique au quotidien, je vous propose un accompagnement. Vous trouverez plus d’informations sur mon approche en cliquant ici, le détail est dans l’onglet « Au fil du suivi : les thématiques abordées ». 

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